lundi 16 juin 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 16

Malgré l'absence de réponse à mon message de la semaine dernière, et comme promis, voici la suite de cette fiction. Pour la lire à partir du début c'est ici
Également, une autre fiction, sous forme de nouvelle, est en préparation (elle a pour personnage principal Flake, mais je ne suis pas encore sûre du titre). 


Ce soir là le concert me paru étrange, moi, qui d'habitude, vivait pleinement chaque seconde du spectacle, je sentais alors mon esprit totalement ailleurs.Ce qu'il y avait au fond de moi c'était une sensation de manque. Lou avait été présente à chaque concert, elle prenait des photos devant la scène, depuis les coulisses... Sa présence, tout en étant discrète, nous portait depuis des mois. J'avais l'impression d'être abandonné.
Arriva le moment où nous interprétions « Amour ». Le texte décrivait l'amour comme un prédateur qui nous fait du mal, nous blesse, nous tue. Cette fois-ci, encore plus que d'habitude, les paroles eurent un écho profond en moi. Alors que je devais chanter le refrain, mon malêtre, que j'enfouissais depuis des mois, fit surface. L'émotion s'empara de ma voix. Pour sauver la face je tendis le micro vers le public pour qu'il chante pour moi. Les autres comprirent que quelque chose n'allait pas : Richard et Paul reprirent les paroles avec la foule. J'arrivais, tant bien que mal, à terminer la chanson. Et, heureusement, après nous faisions un courte pause avant d'enchainer la fin du programme. Dans les coulisses je me retrouvai avec Flake et Richard.
- Ça va mec ? me demanda ce dernier.
- Oui... Désolé, grommelais-je.
- C'est rien.
Ils savaient tous les deux ce qu'il y avait... Je me vidai un bouteille d'eau sur le visage, histoire de retrouver mes esprits. Avant de retourner sur scène, Flake me tapa sur l'épaule :
- Ça va aller.
La fin du spectacle se déroula comme prévu. Ce soir là nous nous retrouvâmes tous les six dans les loges. Pas de fans, ni de groupies. Richard déboucha une bouteille de champagne.
- À Lou, à son rétablissement, déclara-t-il.
Nous trinquions avec lui. Cette soirée après le concert fut une des plus agréables que je passais depuis longtemps, et elle aurait été parfaite si Lou n'avait pas été à l'hôpital. Personne n'aborda le petit incident sur « Amour », et je m'en réjouis car je n'avais aucune envie de m'expliquer. Même Schneider, qui ne manquait jamais de faire un reproche lorsque l'un d'entre nous se plantait, ne dit rien. On n'en avait jamais parlé, mais je savais bien que tous les cinq étaient comprenaient plus ou moins ce qu'il se passait en moi. Mais ils avaient la décence de me foutre la paix et je leur en étais plus que reconnaissant. Je me dis alors que ces mecs là étaient de véritables amis, des frères. Les temps des disputes et des tentions était derrière nous. Nous étions épanouis en tant que groupe, en tant qu'amis aussi. Seule la musique comptait, loin des volontés individuelles d'être mis en avant ou de diriger. Nous étions au sommet de notre carrière.


Une quinzaine de jours c'est passée depuis. Lou est sortie de l'hôpital et rentrée chez elle à Berlin. Ce soir nous donnons le dernier concert de la tournée Européenne à Prague. D'ici quelques semaines nous nous attaquerons au contenant américain, au Japon et à l'Océanie.
J'ai pris le temps d'écrire tout ça cette après-midi parce que j'ai besoin de prendre une décision et de tout mettre à plat me semble une bonne manière de réfléchir. J'en viens à la conclusion qu'il va me falloir agir en homme dès demain, dès mon retour en Allemagne. Il fallait rompre avec Petra. Petra. Ce matin au téléphone elle parlait de mariage. Je n'avais rien répondu, la laissant me dire qu'elle avait vu une magnifique robe dans je ne sais quelle boutique et qu'elle se voyait très bien dedans à la mairie à mes côtés. C'est clair que cela ne m'aide pas. Mais peu importe, il faut que j'agisse en adulte pour une fois, il faut que j'arrête d'attendre que les choses se fassent seules.
Pour dire vrai, j'ai peur. Peur des pleurs de Petra d'une part, peur de me retrouver seul. Encore. Peur que les choses ne marchent pas avec Lou. Il va lui falloir du temps, il va me falloir la reconquérir comme elle le mérite vraiment. Je veux agir à la hauteur de mes sentiments, et je veux qu'elle ai à nouveau confiance en moi. Ce qui me fait flipper c'est que cela prenne trop de temps. Pas parce que je suis impatient, ça je peux gérer, mais parce que lorsque je suis seul je me laisse trop facilement tenté par les jeunes femmes autour de moi. La volonté là à l'instant où j'écris est forte, plus forte que tout, mais je me connais, je sais à quel point je peux être faible.



L'écriture de Till s'arrêtait au milieu de la page, pour continuer sur celle qui suivait. L'encre bleue qui avait rempli la première partie du cahier laissait place à une encre noire. Je regardais ma montre. Flake ne devrait plus tarder maintenant. Le baby-phone se mit en marche, Adam venait de se réveiller. Alors que je finissait de le changer et de le rhabiller, on sonna à la porte. Je venais à peine d'ouvrir que Flake prit déjà la bébé dans ses bras.
- Lou n'est pas là, ?demanda-t-il.
- Non, elle est au travail. Une séance photo pour Vogue aujourd'hui, me semble-t-il.
Flake sourit. Je savais à quel point cela le réjouissait que Lou ait reprit le travail. Il venait aujourd'hui pour qu'on commence à parler de notre projet musical. Il voulait absolument me montrer quelque chose, m'avait-il dit au téléphone.

Ce projet allait véritablement prendre forme, je le sentais. Paul était sorti de sa cure depuis presque une semaine. Il nous avait réuni Schneider, Ollie, Flake et moi pour nous dire à nouveau à quel point il était essentiel pour lui de se lancer corps et âme dans le travail :
- Les premières semaines après la sortie sont décisives, avait-il dit. Les risques de rechutes sont grands. J'ai besoin de vous, j'ai besoin qu'on se remette à composer.
Le dernier à convaincre était Ollie. Mais il dit oui tout de suite. J'émis juste une objection :
- Je suis totalement d'accord pour qu'on se remettent au travail, dis-je. Mais je ne veux pas que ce soit Emigrate. Je préfère qu'on prenne un autre nom.
Pas d'objection. Nous verrons plus tard pour nous trouver un nom. L'essentiel c'était de se remettre à composer.

Flake se trouvait donc dans mon salon avec Adam dans les bras.
- Qu'as-tu à me montrer ? demandai-je.
Il posa Adam dans son couffin et alla farfouiller dans sa sacoche. Il en sortit des feuilles de papier griffonnées. Il me les tendis en disant.
- J'ai eu quelques idées pour des paroles de chansons. Je voulais ton avis avant de les montrer aux autres. Ce ne sont que des ébauches et j'aimerais vraiment qu'on retravaille ça tous les six.
- Tous les cinq, tu veux dire.
- Oui, enfin, j'aurais aimé demandé à Lou de jeter un œil dessus aussi.
- Je ne suis pas sûr qu'elle accepte, dis-je, mais cela ne coute rien de lui proposer.
Je lisais donc ce qu'il avait écrit. Je fus tout de suite touché et interpellé par ses mots. Flake avait un style bien à lui, même si au détour d'un mot ou d'une formule on pouvait sentir l'influence de Till. Certaines choses étaient parfois un peu maladroites, mais dans l'ensemble j'étais assez bluffé. Au point même qu'au détour d'un refrain je pouvais déjà entendre dans ma tête les bribes d'un riff.
J'étais tellement absorbé par ce qu'il avait écrit que je ne le vis même pas reprendre Adam et s'assoir, à tel point que je fus surpris en levant les yeux de voir Flake assis sur le fauteuil en face de moi avec le nourrisson dans se bras. Il était un peu gaga avec Adam lui parlant tout doucement et lui faisant des chatouilles. L'enfant souriait et gazouillait, agitant ses bras et ses jambes. Je ne pu m'empêcher de sourire.
- Je suis si ridicule que ça ? Demanda Flake en riant.
- Je n'irai pas jusqu'à dire ridicule, mais ce n'est pas loin !
- Ce gamin à un effet absolument dingue : j'ai l'impression d'avoir trente années de moins.
Il baissa les yeux sur les feuilles de papier que je tenais dans les mains et demanda :
- Alors ?
- Alors je crois que cela ne va pas être aussi difficile que ça d'écrire des textes. C'est plutôt bon et ça m'inspire déjà des mélodies et des riffs.
- Malgré tout, je pense que certains passages ont besoin d'être retravailler.
- Oui, mais c'est une excellente base, je crois que ça va plaire aux autres. Surtout le texte que tu as intitulé « Die Stimme », c'est une très bel hommage.
Ces paroles évoquaient Till et la douleur à endurer son absence. Le refrain disait : « Nous avons perdu nos mots / Mais le feu de ton cœur / Brule en nous pour toujours / La voix de nos peine n'est plus / Mais notre mal est bien réel »
Nous passâmes le reste de l'après-midi à retravailler ces quelques textes et à discuter du projet. Il avait réservé un studio à partir de début octobre et pour deux mois. Je ne vis pas le temps passer, si bien qu'il était déjà dix-neuf heure.
- Ça te dit d'aller manger au Phan Rang ? Demanda Flake.
- Je suis toujours partant pour le Phan Rang !
C'était notre restaurant vietnamien QG depuis des années. J'adorais vraiment cet endroit, il y avait un côté retro dans la déco qui m'évoquait le mauvais goût de la période communiste. Cela me rappelais mon enfance, c'était une véritable madeleine de Proust ce lieu.
Alors que je préparais le sac avec quelques affaires pour Adam, Flake téléphona à Lou pour lui proposer de nous rejoindre là-bas.
- Elle termine dans peu de temps, elle nous rejoint au restaurant d'ici une heure, me dit-il en raccrochant.
Il voulu absolument prendre le porte bébé et porter Adam. Dans l'ascenseur nous explosions de rire face au reflet que nous renvoyait le miroir. Flake avec le bébé, moi avec le sac à langer : on aurait dit un parfait couple gay. Peut-être un peu vieux mais cela restait tout à fait crédible !

 Tout comme l'année précédente, l'été était vraiment caniculaire. Les quelques centaines de mètres séparant l'appartement du restaurant nous mirent en nages. La climatisation de l'établissement fut plus que bienvenue. Nous étions entrain de siroter une bière lorsque Lou fit son apparition. Elle était absolument resplendissante dans sa robe bleu nuit à fines bretelles se croisant dans le dos. Ses sandales beiges à talons lui donnaient une allure élancée. Je ne pouvais décrocher mon regard de cette silhouette, de ce visages, de cette mèche sur sa nuque qui dépassait du chignon qu'elle avait improvisé et qui tenait à l'aide d'un crayon. Flake se leva pour se laisser embrasser sur chaque joue. Elle embrassa tendrement son fils que se trouvait toujours dans es bras de Flake. Je me lever pour la saluer. Elle mit ses bras autour de mon cou et déposer un baiser sur ma joue. Je fus troubler. À ce moment mon regard croisa celui de Flake. Il eut un petit sourire. Je savais bien qu'il avait perçu mon trouble. Comme toujours. Il me fit son insupportable regard qui signifie : « On en parlera plus tard ».  




Envie de lire la suite ? Le chapitre 17 est par .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire