vendredi 13 juin 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 15

Cette fiction commence ici.

Une fois de plus je m'étais endormi en lisant le manuscrit de Till. Je fus réveillé par des bruits d'eau dans la salle de bain. Le jour baignait la chambre d'une lumière douce. Premier réflexe, comme chaque matin, je vérifiais que le matériel là en bas fonctionnait toujours. Une fois que je fus rassuré, je me levai du lit et enfilai un tee-shirt. Lou avait laissé la porte de la salle de bain entre-ouverte. Je ne pu m'empêcher de regarder à l'intérieur : je vis dans le miroir le reflet de la vitre embuée de la douche derrière laquelle se dessinait la silhouette si sensuelle. Je n'avais qu'une envie, la rejoindre sous l'eau et me coller tout contre elle.
Les pleurs d'Adam me sortirent de mes rêveries.
- Salut bonhomme, dis-je en entrant dans la chambre du bébé.
Alors que je lui donnais son biberon je me remémorai ma lecture de la veille. Je me souviens de la frayeur que j'avais eu ce soir là lorsque j'avais vu Till emporté le corps inanimé de Lou.
Lorsque je l'avais vu à l'hôpital j'avais été soulagé, malgré son état. J'avais également été surpris par l'état dans lequel se trouvait Till. C'était la première fois que je le vis si inquiet, si perturbé aussi. Je n'avais pu m'empêcher de tout lui dire. J'avais beau m'être juré de ne pas me mêler de leurs vies, ce soir en me rendant compte de l'état psychologique dans lequel était mon ami, j'avais décidé de mettre mon grain de sel dans cette histoire. Peu importait les conséquences, cela ne pouvait pas être pire que ce ne l'était. Si Lou arrivait tant bien que mal à gérer cette peine de cœur, ce vieil idiot de Till en était bien incapable. La scène avec Ollie, cet état dépressif permanent... J'avais bien compris qui était à l'origine de cela. Ce que je n'arrivait pas à saisir c'était son comportement.
Depuis des décennies qu'on se connaissait lui et moi, je l'avais vu en faire des choix, pas toujours les meilleurs, mais il avait toujours assumé. Il avait assumé sa paternité à vingt-deux ans : il avait élevé sa fille, épousé la mère. Si le mariage n'avait pas duré très longtemps, il s'était montré à la hauteur de la situation, élevant et aimant sa fille plus que tout au monde. À sa place, à l'âge qu'il avait à l'époque, j'aurais pris mes jambes à mon cou, abandonnant femme et et enfant. Mais Till avait été adulte.
Alors, j'avoue qu'au début de cette histoire avec Lou je pensais il assumait tout. Il me semblait que pour lui c'était une histoire sans lendemain et que les choses lui convenaient ainsi. Mais petit à petit il avait sombré dans une sorte de noirceur, de mélancolie presque incompréhensible. Un soir nous discutions de cela avec Flake :
- Tu sais, me dit-il, je crois qu'il est amoureux comme il ne l'a jamais été, mais il n'arrive pas à assumer..
- Comment sais-tu cela ?
- Oh Richard, je t'en prie ! L'intensité des regards qu'il pose sur elle n'échappe à personne !
Elle. Il ne l'avait pas nommé mais il était inutile de préciser de qui il s'agissait.
- Pourquoi s'être remis en couple avec Petra, alors ? Demandai-je à Flake.
- Il refuse d'en parler, malgré mon insistance. Mais j'imagine qu'il s'est dirigé vers la simplicité.
- C'est idiot.
- Idiot mais humain.
- Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
- Rien, il n'y a rien à faire. Je ne crois pas que se mêler de ça arrange les choses. Puis il semblerai que Lou commence à tourner la page...
Nous n'avions rien fait.
Mais ce soir là, à l'hôpital, face au désespoir de Till et à la phrase de Lou - « les deux hommes qui comptent le plus pour moi » - je n'avais pu tenir ma langue.

Cette agression avait eu des conséquences sur tout le groupe. Lorsque le lendemain matin je retrouvais Schneider, Ollie, Flake et Paul au restaurant de l'hôtel ils n'en crurent pas leurs oreilles.
- Depuis le temps que ça vous pendez au nez ! Cria Schneider. Bordel de merde on n'a plus vingt ans pour se comporter de cette manière ! Vous êtes exaspérants Till et toi, mais je n'arrive pas à croire que ce soit Lou qui subisse les conséquences de vos agissements.
Je ne répondis rien. Parce qu'il avait raison. Flake lui dit de se calmer et demanda des nouvelles de la jeune femme. S'en suit un débat sur l'annulation du concert du soir. Flake et Schneider étaient convaincus qu'il fallait absolument annuler. Paul et Ollie étaient plutôt mitigés. Quant à moi j'étais persuadé que Lou refuserait catégoriquement qu'on annule quoi que ce soit.
- Nous devrions aller la voir, dit Ollie.
- Je partais pour l'hôpital, dis-je.
- Je viens avec toi, dis Schneider qui semblait essayer de retrouver son calme.
Les trois autres avaient décidé de lui rendre visite un peu plus tard, histoire de ne pas débarquer à six à l'hôpital.

Lorsque Till et les flics eurent quitter la chambre, Schneider allât s'assoir au bord du lit :
- Je suis vraiment désolée de ce qu'il t'arrive Lou... Comment te sens-tu ?
Elle leva un regard plein de larmes vers Christoph :
- Schneider, si tu savais comme je suis en colère, dit-elle d'une voix fort. Je détestent lorsqu'il se comporte de cette manière ! Ces filles sont complètement irresponsables et incontrôlables ! Qu'est-ce que cela lui apporte, tu peux me le dire toi ?!
Elle se tint le côté, cela lui faisait mal de s'énerver de cette manière. Schneider posa une main sur son épaule. Lou continua :
- Regarde mon visage, dit-elle, je suis complètement défigurée !
Schneider prit un mouchoir en papier posé sur la table de nuit. Il séchât les larmes de Lou puis posa une main sur sa nuque. Il regarda en détail tout le visage de la jeune femme. Je fus très surpris par son comportement, et je crois que Lou également car elle avait cessé de pleurer et presque de respirer, regardant Schneider.
- Tes bleus auront totalement disparus d'ici quelques jours, quelques semaines maximum. Quant à ça, il posa son regard sur les points de suture sur sa tempe, je comprends que tu sois en colère et tu porteras une cicatrice toute ta vie. Mais tu es une très belle femme Lou, je ne crois pas que la moindre blessure puisse altérer ta beauté. Cette marque te donne un petit quelque chose en plus, me semble-t-il.
Il la regarda à nouveau dans les yeux et ajouta à voix basse, comme pour révéler un secret :
- Malgré ta blouse d'hôpital, malgré tes cheveux emmêlés, malgré tes blessures, je te promets que tu es toujours aussi belle et désirable que tu l'es d'habitude.
Lou restait là sans bouger, le bouche entre-ouverte, choquée par le comportement de Schneider. Il ne lui avait jamais parlé de cette manière. Si, parfois il avait fait des remarques sur le beauté de Lou, ce n'était jamais en sa présence. Il tourna alors la tête vers moi et dit :
- N'est-ce pas qu'elle est toujours aussi belle, Richard ?
Lou avait baissé la tête. J'essayai de sortir de ma torpeur et de dédramatiser un peu :
- Bien sûr qu'elle est toujours aussi belle, mais pas autant que moi...
Schneider rit, Lou sourit. Elle posa la main sur celle de Scheider et dit :
- Merci Christoph...
Elle avait bien détaché les syllabes du prénom, avec, au coin des lèvres, un petit sourire taquin. Schneider fronçât les sourcils puis nous nous miment à rire tous les trois.

Lou avait fini par s'endormir après que l'infirmière lui eut donné des calmants pour la douleur. Schneider avait décidé de rentrer à l'hôtel :
- Tu lui dira au revoir de ma part, dit-il.
Alors qu'il allait ouvrir la porte pour s'en aller, je le retins un instant :
- Schneider, c'est vraiment très gentil ce que tu lui as dit, je crois qu'elle avait besoin de l'entendre.
- Je n'ai fais que dire ce que je pense vraiment. Mais, si tu pouvais garder ça pour toi... Si ça arrivait aux oreilles de Sarah... Enfin, tu l'as connais, demanda-t-il gêné.
- Ça ne sortira pas de cette pièce.
Il partit, et je m'endormis sur le fauteuil près de la fenêtre. Je fus réveillé par des chuchotements. Je reconnus les voix de Paul et Flake. Je n'ouvrais pas encore les yeux, trop accablé par la fatigue, mais je saisis la conversation.
- Salut, dit Lou.
- Eh ! Comment vas-tu ma belle ? demanda Paul.
- Je ne suis pas sûre que « belle » soit un adjectif approprié vu ma tête...
- Je ne vois pas de quoi tu parles, répondit-il.
- Moi non plus, ajouta Flake.
Elle eut un petit rire.
- On a des cadeaux pour toi, déclara Paul.
- Ah oui ?
J'ouvris les yeux, mes deux camarades, penchés vers Lou, me tournaient le dos. Paul lui tendit une boite de chocolats, ses préférés :
- La bouffe ne doit pas être terrible ici...
- Merci, c'est gentil. Comment as-tu su que ce sont ceux là que j'aime ?
- Richard ne sait pas tenir sa langue...
- Non mais ça va oui ! Me défendis-je mollement.
- Ah, tu te réveilles enfin ! dit-il avec son sourire taquin.
Flake sortit de son sac à dos l'ordinateur portable de Lou, son appareil photo et ses cartes mémoire.
- Pour que tu puisse un peu bosser...
Elle tendis les bras vers lui et il se penchât vers elle pour se laisser embrasser sur la joue. Paul fit l'enfant :
- Et moi alors ? S'écriât-il en se penchant vers elle pour lui aussi recevoir un baiser.
Paul et Flake avaient ce don pour nous faire oublier, quelques instants, nos soucis. En discutant de tout et de rien comme si de rien n'était.
En fin d'après-midi Till et Ollie arrivèrent. Ce dernier fut vraiment choqué par l'état physique de la jeune femme.
- Oh mon Dieu !...
- Oui, je ne pourrai sans doute jamais participer à un concours de beauté... dit Lou avec un sourire triste.
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, dit-il précipitamment. Pardonne-moi...
- Je sais bien. Ne t'inquiètes pas.
Schneider entrât dans le chambre à ce moment là, il était venu avec les deux autres mais passé un coup de téléphone. Lou sourit et dit :
- Ils auraient du m'installer dans une chambre plus grande ! En tous cas c'est très gentil de vous préoccupez de moi...
- Mais nous sommes gentils, dit Flake. Tu ne le savais pas encore ?

Plus tard, alors que nous quittions tous les six Lou pour aller préparer le concert du soir, Till ne sortit pas avec nous tous. Alors que les quatre autres avançaient dans le couloir je restais près de la porte pour écouter.
- Ce n'est pas toi qui chante ce soir ? Demanda Lou.
Il y eu quelque secondes de silence, puis Till dit :
- Je voulais te demander pardon.
Silence, à nouveau.
- Pardon pour tout, reprit Till. Je suis désolé de ce qui s'est passé hier soir. C'est de ma faute, j'ai un comportement de merde ces derniers temps, et je suis désolé que ce soit toi qui en fasse les frais... Excuse-moi de t'avoir traité comme je l'ai fait ces derniers mois. Tu comptes beaucoup pour moi... Hier quand je t'ai conduit ici, j'ai eu peur...
Silence pendant de longues secondes... Puis Lou :
- Attends ! J'accepte tes excuses Till. Je t'ai un peu maltraité moi aussi ces derniers mois... On est pas très malins, hein ? Tu veux bien qu'on oublie, qu'on tourne la page ?
- Je ne souhaite que ça.


- Salut.
La voix de Lou me sortit de mes pensées. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte de la cuisine vêtue d'une petite robe bordeaux qui laissait voir au dessus de ses genoux les muscles bien dessinés de ses cuisses. Comme toujours l'été elle se baladait pieds nus. Elle avait peint ses ongles de pieds en noir.
- Bonjour, répondis-je.
La jeune femme s'approcha et se pencha vers moi pour déposer un baiser sur ma joue et prendre son fils dans ses bras.
- Merci de t'occuper si bien de lui, dit-elle alors que je posais délicatement la tête du nourrisson sur le bras de Lou.
- Tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ? Demandai-je.
Elle fit « non » de la tête.
- Que tu arrêtes de me remercier sans cesse !



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