jeudi 22 mai 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 12

La fiction commence de ce côté et le chapitre précédent est ici. Bonne lecture.


Cette foutue période ou Till jouait le couple modèle avec Petra... Lou tentait de faire comme si tout allait bien. Mais c'était de la poudre aux yeux. L'insomnie la tenaillait, alors elle sortait chaque soir, dans les bars et les clubs. L'alcool, la musique, les hommes autour d'elle, c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas affronter ses pensées. Elle ne rentrait jamais seule, enchainant les conquêtes d'une nuit. Je savais tout ça parce que les cernes sous ses paupières étaient trop marquées pour que je ne mène pas mon enquête. Alors, plusieurs soirs, je me tenais en planque en bas de son immeuble. Elle sortais aux alentours de vingt-trois heures minuit en général, bien maquillée, habillée trop sexy et perchée sur des talons hauts. Je ne rentrais jamais dans les établissements, je ne voulais pas me faire prendre, alors je restais dans ma bagnole. Au bout de quelques heures elle sortait au bras d'un mec. Vieux, jeunes, blonds, brun, elle ne se refusait rien.
Je savais que de rester là à attendre dans ma voiture ne changerait rien à ce qu'il se passait. Ça avait aussi un côté carrément masochiste, j'avais tellement de peine de la voir se faire autant de mal. Mais c'était l'instinct protecteur du père qui me guidait.
Un soir, pendant cette période, j'avais rendez-vous avec Nina, une petite belge qui tentait de faire carrière dans le mannequinat et que j'avais rencontré sur la tournée précédente. On restait en contact et on se voyait de temps en temps quand elle était de passage à Berlin. Je l'aimait bien Nina, si bien que parfois je prenait l'avion jusqu'à Bruxelles pour passer quelques jours avec elle. Puis, avec les années, cela avait commencé à devenir sérieux... Bref, elle était de passage à Berlin et nous passions la soirée tous les deux. Je pensais que sa présence m'apaiserait, que pour un soir je ferais autre chose que de m'inquiéter pour Lou. Ce que je pouvais être naïf ! Pas une seule seconde mon esprit oublia Lou. Si elle se faisait agresser ? Si elle avait un accident de voiture ?
Cette comédie devenait absolument insupportable. Il me semble que je ne supportais pas cela plus de deux semaines. Un matin, alors que j'avais passé la lui à la suivre puis à attendre en bas de chez elle que le mec s'en aille, je montai jusqu'à son appartement. Elle m'ouvrit à moitié nue, les cheveux en bataille et pas démaquillée de la veille.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-elle, la bouche pâteuse.
- Fais tes valises : ont part en vacances. Ne discute pas, je ne suis pas d'humeur.
Elle de discuta pas. C'est la première fois qu'elle me vit aussi en colère. Et contre elle en plus. Elle alla à la douche alors que je préparais du café.
Derrière sa tasse fumante elle demanda :
- Où va-t-on ?
- Je n'en sais rien. Un pays chaud, je n'en peu plus de la grisaille berlinoise.
Elle fila faire ses valise.
- Combien de temps allons-nous resté là-bas ? Cria-t-elle depuis la chambre.
- Le temps qu'il faudra pour que tu ailles un peu mieux... Jusqu'au début des répétitions s'il le faut.
Après être passé à mon appartement où je fis moi aussi mes valises, nous nous retrouvions à l'aéroport de Berlin, dans la première agence de voyage que j'avais trouvé.
- Nous voulons partie immédiatement vers une destination où il y a du soleil, des palmiers, la plage, tout ça quoi.
La jeune femme un peu ronde avait fébrilement tapé sur son ordinateur. Elle nous proposa la République Dominicaine : un vol dans un peu moins de trois heures, elle pouvait réserver l'hôtel et le transfère depuis l'aéroport.
- Par contre il reste seulement des ses sièges en Business Class.
Elle fut surprise quand je lui dit immédiatement que c'était d'accord, sans consulter Lou. Remplir les formalités me parut durer une éternité... Mais quelques heures plus tard l'avion quittait enfin le sol berlinois.
Lou s'était endormie recroquevillée sur son siège. On aurait dit une enfant. En la voyant là, personne n'aurait pu deviner qu'elle pouvait être une femme de caractère, capable de diriger une équipe de tournage. Le père, que j'étais, finalement, était fière de lui, fière d'avoir agi. Ce n'était pas ma fille, ni ma petite sœur, mais je me sentais responsable d'elle et à cet instant je savais que j'avais fait le bon choix. C'est avec un immense soulagement que je m'endormis moi aussi, après toutes ces nuits blanches passées dans l'angoisse. Je dormis si bien que c'est l'hôtesse de l'air qui me réveilla pour l'atterrissage. Elle du réveiller Lou aussi.
Nous passions une quinzaine de jours merveilleux, sur la plage, nous faisant dorer au soleil, nous baignant dans une mer si chaude... Lou resta taciturne pendant quelques jours, mais elle se laissa aller à ce rythme de vie hors du temps, se remettant à manger, à sourire puis à rire aussi. Je retrouvais l'amie complice et drôle que je connaissais, qui riait au éclat lorsqu'on nous prenait pour un couple, c'est à dire plusieurs fois par jours.
Étendu sur la plage, je regardais Lou sortir de l'eau. Elle portait un maillot de bain deux pièces bleu marine qui lui allait à ravir. Sa peau avait prit un jolie hâle et son corps mouillé brillait au soleil. Elle marchait vers moi avec son petit sourire diabolique.
- Ne fais pas ce que tu as l'intention de faire, lui dis-je sur un ton faussement autoritaire.
Elle rit. Et elle fit exactement ce que j'avais pressenti : arrivée à ma hauteur elle essora ses longs cheveux au dessus de moi. Je me mis à lui courir après.
- Tu vas voir, toi !
Elle riait aux éclats en courant jusqu'à la mer.

Quelques jours plus tard, assis l'un à côté de l'autre dans l'avion, elle me remercia :
- Je suis reconnaissante de ce que tu as fait Richard. Je te promets que je vais aller mieux, que je ne me laisserai plus aller à mon chagrin. Ces deux semaines avec toi m'ont permis de me rappeler qu'on ne vit qu'une fois, et que la vie est bien trop courte pour se laisser envahir par le peine... Je sais que cela ne va pas être facile, mais je te promets que je vais bien vivre la tournée de mon côté aussi.
Elle fit une chose que j'adorais par dessus tout : comme une enfant, elle me prit par le cou et déposa un baiser sur ma joue.

Elle tenu sa promesse. Quelques temps plus tard la tournée démarrait et le groupe retrouva la photographe professionnelle et l'amie enjouée qui l'avait suivit pendant la période d'enregistrement et de composition de l'album. Elle passait du temps avec Ollie. Les deux passionnés de photos passait leurs après-midi avec leurs appareils à capturer les techniciens de la tournée au travail ou dans les villes où nous nous produisions à prendre les monuments, les rues, les gens, les paysages.
Je crois que ça rendait Till malade. Il n'était pas vraiment dans son assiette. Je ne veux pas dire qu'il était mauvais sur scène, c'est faux. Les concerts étaient les seuls moments où il se débarrassait de son air mélancolique : il était véritablement la bête de scène qu'il paraissait. Mais une fois les projecteurs éteints, il redevenait l'artiste maudit. Pendant les afters il se mettait à agir comme à nos débuts : trop d'alcool, trop de filles. Un soir alors qu'il était ivre, il s'avança vers Lou et Ollie en pleine discussion. On échangea un regard Flake et moi, on avait peur de ce qui allait se produire et on s'avança derrière lui. Le sourire sur le visage de Lou s'effaça quand elle le vit arrivé dans leur direction. Il s'adressa à Ollie :
- Fais attention à ne pas tombé amoureux d'elle, dit-il.
Ollie paru perplexe. Il hésita un seconde avant de répondre en riant, de manière un peu forcée :
- Ne dis pas de bêtises.
Il se tourna alors vers Lou et posa sa main sur la nuque de la jeune femme, caressant sa joue avec le pouce. Elle prit une profonde inspiration, son malaise était palpable. Flake posa une main sur l'épaule de Till qui dit à l'attention d'Ollie mais en regardant Lou dans les yeux :
- Je ne dis jamais de bêtises.
- Hey Till, dit Flake sur un ton détaché mais en le tirant par l'épaule, tu viens boire un verre ?
Il ne résista pas et suivit Flake.
- Que se passe-t-il ? Me demanda Ollie.
Je n'eus pas le temps de répondre. Lou dit sur un ton détaché elle aussi :
- Rien. Il a trop bu et il est jaloux que tu sois en compagnie d'une si jolie fille !
Ce qu'elle jouait bien la comédie ! Si je n'avais pas connu la situation je l'aurais cru moi aussi. Elle et Ollie rirent. Je fis de même, un peu à contre temps, mais il ne s'en rendit pas compte.

Ollie, Paul et Schneider n'étaient pas dupes. Le lendemain matin je prenais mon petit-déjeuner avec eux au restaurant de l'hôtel. Ils discutaient de la scène qu'avait fait Till la veille. Je ne prenais pas part à la conversation. Puis Schneider m'interpella sur un ton inquisiteur :
- Qu'est-ce que t'en penses Richard ?
- Je... bafouillai-je, j'en sais trop rien... Till peut se montrer exaspérant quand il a trop bu...
Tous les trois échangèrent des regards. Je fis comme si de rien n'était, fixant mes saucisses grillées et mon œuf sur le plat dans mon assiette.
- Tu sais, dis Schneider, on est pas complètement débiles. On sait très bien que quelque chose c'est passé entre Lou et Till et que Flake et toi êtes au courant. Personnellement je ne veux pas savoir de quoi il est question, même si je me doute bien que c'est une histoire cul, alors arrête de faire semblant.
- Je ne vous prends pas pour des idiots du tout...
- On le sait, dit Paul, c'était juste une manière de dire que c'est pas la peine de jouer la comédie avec nous.
- Ouais...
- Je tiens quand-même à souligner que Lou est une sacrément bonne comédienne, dit Ollie.
- C'est sûr qu'elle est meilleure comédienne que Richard qui bafouille lorsqu'il est prit au piège, dit Schneider en riant. Je lui donnai un coup de point dans l'épaule alors que le deux autres riaient.

La suite ? C'est ici que ça se passe.

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